Evolution des mentalités en Chine
Nous sommes aujourd’hui à Pékin en
compagnie de Guillaume Marot. Guillaume est depuis plus de cinq ans en Chine.
C’est un expert du marché Chinois.
Interviewer : Guillaume, cela fait
cinq ans que vous êtes en Chine. Vous êtes arrivé juste après les JO de 2008,
quels sont les changements les plus marquants que vous avez pu observer ces
cinq dernières années ?
Guillaume Marot : Les changements les
plus marquants que j’ai pu observer sont avant tout des changements d’état
d’esprit, de mentalité de la part des Chinois. Je suis arrivé après les Jeux
mais j’ai eu, quand même, l’occasion de venir étudier avant cela, en 2005. Le
ressenti que j’ai eu entre ma visite en tant qu’étudiant en 2005 et mon arrivée
en tant que chercheur d’emploi en 2008 avait déjà radicalement changé.
L’attitude vis-à-vis des étrangers avait déjà radicalement changé et c’est
quelque chose qui s’est encore accentué au fil des années. Le Chinois s’est
habitué à voir beaucoup d’étrangers présents autour de lui. Il y a une certaine
indifférence qui se crée, il n’y a plus de grande surprise à voir des étrangers
autour d’eux.
Interviewer: Il y a peut-être moins
d’appréhension et moins de curiosité aussi ?
Guillaume Marot : Beaucoup moins de
curiosité. L’appréhension je pense qu’elle existe toujours parce qu’il y a
toujours des différences culturelles, on n’arrive pas toujours à se comprendre.
Finalement les Chinois ont naturellement tendance à ne pas se mélanger, comme
les étrangers le font aussi. Il y a de l’appréhension des deux côté.
Interviewer: Et est-ce que vous pensez
justement qu’avec cette ouverture qui est de plus en plus importante, cela va
être amené à se mélanger de plus en plus ?
Guillaume Marot : Bonne question, je
n’ai pas forcément d’élément de ce que je vois aujourd’hui. Je n’ai pas
l’impression que cela se mélange plus qu’il y a quelques années. Au contraire,
de ce que je vois moi personnellement j’ai plus l’impression que les gens ont
tendance à rester de leurs côtés.
Interviewer: Est-ce que vous avez pu
aussi observer des changements urbains, presque architecturaux? Comme on disait
vous êtes arrivés juste après les JO de 2008, un évènement qui a transformé la
ville. Est-ce que depuis il y a eu des changements importants ; on est,
par exemple, aujourd’hui présent au quartier Salitun, qui est un quartier
typiquement destiné aux étrangers.
Guillaume Marot : Effectivement, de
toute façon c’est la Chine. Je pense que dans n’importe quelle ville de Chine,
vous y passez à l’instant T pour revenir un an après, la ville a changé. Le
centre de Pékin n’évolue plus trop ; c’est surtout la périphérie qui se
développe énormément, tout ce qui est quatrième périphérie, cinquième
périphérie. En centre de vile de Pékin il y a encore des choses qui se
construisent et des vieux quartiers qui sont rasés pour, justement, avoir des
nouvelles tours, de nouveaux centres d’activités etc., Il y a encore des gros
projets de construction, il y a un master planning sur plusieurs dizaines
d’années qui est assez ambitieux.
Pékin
va encore évoluer, mais pour l’instant depuis cinq ans je n’ai pas eu
l’impression que cela avait grandement évolué.
Interviewer: On parlait aussi,
précédemment, des changements de mentalité des Chinois : peut-être plus
ouverts, plus habitués à voir des étrangers. Est-ce que vous avez observé aussi
des changements du côté des étrangers qui s’expatrient en Chine ; dans
leur attitude, à leur arrivée, dans leur vision de la Chine ? Cela a
toujours été vu comme un Eldorado ; il y a eu quelques abus parmi les
étrangers qui sont arrivés en Chine. Est-ce que ce sont des choses qui évoluent ?
Guillaume Marot : Je pense que cela a
évolué. Les gens qui arrivent en Chine n’ont plus le même état d’esprit pour
chasser le « rêve américain » à la chinoise.
Les
gens viennent en Chine pour trouver un boulot parce que c’est dynamique.
Certains croient toujours à l’Eldorado mais, d’une manière générale, les gens
arrivent avec un état d’esprit bien différent. Ils arrivent, en général, mieux
renseignés, avec moins d’a priori. De plus en plus de gens arrivent en parlant
chinois. Notamment pour les jeunes, oui, l’approche a bien changé.
Quand
je suis arrivé c’était encore la période où des gens arrivaient pour chercher
un travail, pour essayer d’obtenir un business, mais personnes ne parlaient le
chinois… Aujourd’hui, cela devient quand même compliqué parce que le marché du
travail aussi se complique, se resserre. Le travail est un peu plus complexe à
obtenir. Il y a une compétition des Chinois qui sont de mieux en mieux formés
et éduqués, et qui coûtent moins chers. Donc, les places à prendre sont un peu
plus disputés.